Virgil Gheorghiu
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chapitre 3

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Message  gregdenysse Mar 16 Oct - 14:01

P.42 De tous les biens amassés par le général Secundus et administrés avec tant d'adresse par Anthuse, Bouche d'Or ne garda rien. Il se retira d'abord dans un couvent. Sa seule richesse était «une robe, une coule, et une natte pour se coucher.» Son renoncement à tous les biens terrestres était, pour lui, des plus insignifiants. Bouche d'Or n'avait d'ailleurs jamais eu le désir de posséder des biens. Maintenant tout avait été distribué aux pauvres. Il se consacrait uniquement à Dieu.
En entrant au couvent il renonçait aussi à la chair et au sang, c'est-à-dire à tous ses liens avec le monde. Ses seuls frères étaient les autres moines. C'était tout. Il devait renoncer aussi «à soi-même» et c'était la chose la plus difficile. Le moine devait obéir à son supérieur. Bouche d'Or accomplit ce renoncement comme s'il avait renoncé à ses propres yeux et à ses sens. Son idéal était de détourner ses regards des choses extérieures les plus proches et de n'avoir de regards que pour Dieu et l'éternité.
Jamais un moine ne devait remarquer qu'un de ses trois objets qu'il possédait - la robe, la coule et la natte - avait été déchiré, perdu ou volé (les règlements de saint Macaire).
Si un moine disait qu'il n'avait plus de natte pour dormir, cela signifiait qu'il se préoccupait encore des choses extérieures. P.43 Ces choses étaient du ressort de l'économe du couvent. Seul l'économe devait remarquer si l'un des frères était sans habit. Même les images du passé devait être toutes effacées de la mémoire. Le sommeil ne durait que quelques heures, Le réveil avait lieu immédiatement après minuit. «Ce qu'est le point du jour pour les autres, minuit l'est pour les serviteurs de Dieu.» - Saint Basile le Grand.
Le futur athlète du Christ n'avait jamais la permission de sortir seul. Il ne devait pas davantage regarder un visage de femme ni même un vêtement féminin. Il n'avait pas le droit de dire qu'il n'avait pas commis une faute pour laquelle on lui faisait une remontrance. Même si réellement il ne l'avait pas commise, il devait
toujours en demander pardon avec une humilité sincère. Le travail physique était obligatoire. mais ce travail physique était interrompu au moins 6 fois par jour par des prières en commun, afin que l'atmosphère intérieure ne souffrît point d'interruption.

L'étude des Écritures avait lieu en permanence. Le détachement du monde matériel, de son propre corps, était poussé à un tel point que le moine ne devait jamais regarder son corps, lorsqu'il prenait son bain, car même son propre corps faisait partie du monde extérieur, «des choses visibles», éphémères, auxquelles il devait renoncer.
Pendant 4 ans Bouche d'Or vécut détaché complètement du monde et détaché de sa propre personne.
P.44 Mais après 4 ans, Bouche d'Or qui avait atteint un nouveau degré dans la voie du détachement de soi, chercha plus loin la perfection. Il quitta le couvent et se retira seul, dans une caverne.
Palladius, son biographe, écrit: «Affamé d'obscurité, il se retira seul dans une caverne; il y resta 3 fois 8 mois en se privant de sommeil presque sans répit en étudiant à fond le testament du Christ. Pendant ces 2 années il ne se coucha ni le jour ni la nuit.»
C'est un effort terrible que seuls les athlètes longuement entraînés peuvent fournir. Le chemin pour la conquête de la sainteté par la solitude, le jeûne, la prière et la vertu dura 2 ans. Après ces 2 ans, Bouche d'Or revint dans le monde. Il revint mais complètement transformé.
Palladius écrit que le saint avait quitté sa caverne et était revenu dans le monde, parce qu'il avait eu les jambes paralysées. Ce fut l'oeuvre de la Providence divine qui par le moyen d'un mal physique le rendit impropre aux labeurs de l'ascèse et l'arracha à sa caverne pour le bien de l'Église.
P.45 Il avait atteint dans le désert un degré sublime de perfection. Mais il restait encore un long chemin entre cette perfection individuelle et la sainteté. Et ce chemin il devait le faire dans le monde, non dans le désert.
Bouche d'Or revint à Antioche, paralysé, l'estomac complètement démoli par les jeûnes. Il donnait l'impression de n'avoir plus ni chair ni sang. «Un corps décharné dont les os tenaient à peine les uns aux autres.» - St. Jérôme. Il revint du désert avec une indépendance et un détachement absolu à l'égard des choses visibles et avec un amour infini pour Dieu et pour ses frères les hommes. Toute la vie que Bouche d'Or devait vivre encore sur la terre devait être marquée par les vertus acquises pendant les 6 ans dans le désert. C'étaient des vertus sublimes, mais insuffisantes, Bouche d'Or le dit textuellement: «Ne me parlez plus des montagnes escarpées, des vallons tapissés de taillis, des précipices, des solitudes inaccessibles. Toutes ces choses qui seules ne suffisent pas à dissiper l'inquiétude de l'âme. P.46 Pour cela il faut cette flamme que le Christ alluma dans le coeur de Paul.»
C'était une dimension nouvelle puisée dans l'enseignement du Christ. L'ascèse et la vertu du saint sont vaines, si elles ne sont pas mises au service des hommes. C'était la nouvelle conception de Bouche d'Or, une conception qu'aujourd'hui on nommerait sociale.
«Ce qui caractérise l'amant du Christ, c'est qu'il s'occupe du salut de ses frères.»
«Que tous les moines qui se sont retirés sur les sommets des montagnes pour se crucifier de mille manières écoutent ces paroles. Qu'ils aident dans le mesure de leurs forces ceux qui sont à la tête des églises, qu'ils les encouragent par leurs prières, leur sympathie, leur affection. Qu'ils sachent bien que si malgré l'éloignement ils ne soutiennent pas ceux que la grâce divine a jetés dans le péril et soumis à tant de tracas, leur vie reste tronquée et leur sagesse mutilée.»
Ces dernières paroles sont terribles dans la bouche d'un saint. Il mettait en garde ces hommes qui avaient tout sacrifié pour Dieu contre une vie ratée et une sagesse mutilée. Venant d'un homme qui avait vécu toutes les mortifications dans le désert pour obtenir la sainteté, cette accusation était d'une gravité extrême. Mais Bouche d'Or avait découvert la dimension ecclésiale du Christianisme. Il avait acquis la suprême vertu personnelle. Devant lui s'ouvrait un autre horizon, une nouvelle voie, Il s'y engagea.
Voici donc Bouche d'Or revenu dans son Antioche natale. Ce qui se passe dans l'empire où il vit ne l'intéresse pas. P.47 Comment aurait-il pu savoir ce qui se passe dans le monde, lui qui ne regardait jamais autour de lui, même pas son propre corps. C'était un coeur pur et il semble que la pureté du coeur c'est d'avoir une seule idée (Soren Kierkegaard).
Son premier idéal avait été d'obtenir la vertu personnelle et rien de plus. Il l'avait obtenue. Cette fois il voulait sauver les hommes en les ramenant à la vraie et juste foi. «Il est préférable d'être moins vertueux et de convertir les autres, au lieu de résider sur les montagnes et de voir ses frères qui se damnent.»
P.48 Saint Basile le Grand écrit dans les «règles monastiques»: «Nul ne peut se suffire à lui-même, même pour les besoins du corps et nous avons tous besoin les une des autres pour les nécessités de la vie. Dieu qui nous a créés a voulu que nous eussions besoin les une des autres, afin que nous restions mutuellement attachés. De plus la charité du Christ ne permet pas qu'un homme ne pense qu'à lui-même. Or, celui qui vit entièrement seul, n'a d'autre fin que son propre salut, ce qui est évidemment contraire à cette foi de charité que suivaient les apôtres lorsqu'ils cherchaient à s'accommoder à tous afin de sauver un plus grand nombre...
Enfin, dans une retraite de ce genre, le solitaire ne reconnaîtra pas facilement ses défauts, n'ayant personne pour l'en avertir et lui faire une correction fraternelle. La réprimande, en effet, même venant d'un ennemi, fait naître chez l'homme généreux le désir de s'amender et un ami sincère reprend hardiment les fautes qu'il voit chez son ami. Or, dans la solitude absolue, on n'a pas un tel ami... C'est pourquoi il est dit: Malheur à celui qui vit seul car s'il tombe il n'a personne pour le relever. D'autres inconvénients se rencontrent encore dans la vie solitaire, et le plus grand c'est que celui qui est seul, se complaît en lui-même. Personne n'étant présent pour juger de l'oeuvre qui s'accomplit en lui, il se croit arrivé à la perfection de tous les préceptes. P.49 Ne trouvant par ailleurs à quoi exercer sa vertu, puisqu'il a éloigné de lui la matière et l'occasion de tous les commandements de Dieu, il ne connaît ni ce qui lui manque encore ni les progrès qu'il a faits. Comment fera-t-il voir son humilité, celui qui ne trouve personne devant qui s'humilier? et quelle occasion aura d'être compatissant celui qui ne voit personne qui souffre? Comment s'exercera-t-il à la patience quand personne ne résiste à sa volonté? Quand le Seigneur a voulu donner le modèle de la perfection, de l'amour et de l'humilité, il a ceint ses reins et lavé les pieds de ses
disciples. Mais vous, solitaire, de qui laverez-vous les pieds et de qui vous ferez-vous serviteur? Comment feriez-vous pour être le dernier si vous êtes seul?

La vie commune est la véritable arène de la perfection, la véritable voie du progrès, le véritable exercice de la vertu, la véritable pratique de la loi du Seigneur.»
Les solitaires, ces éléments utiles, devaient être récupérés dans leur caverne et mis au service de la collectivité parce que, selon les paroles de saint Basile, il n'y a de progrès que dans la collectivité, dans l'Église.
Les réfractaires devaient être convaincus par des moyens indirects. Le saint poète Ephrem, le doyen des solitaires de la Haute Asie, dont le génie impétueux n'avait pu s'assujettir à aucune règle, fut lui aussi récupéré par la vie collective. Ephrem a été vaincu par la propagande pendant son sommeil. Il raconta lui-même qu'un jour en passant dans une ville de Cappadoce (dont avec son dédain pour les choses profanes, il ne savait pas même le nom) P.48 il entendit une voix qui disait: «Ephrem, lève-toi, et viens manger des idées.» «Et où trouverai-je, Seigneur, cette nourriture?» demanda-t-il. «Dans ma maison, répondit la voix. Tu y trouveras un vase royal plein de la nourriture qui te convient.»
Ephrem se rendit à l'église. Il savait que l'église était la maison du Seigneur. Là il trouva un prêtre qui lui tint un discours convaincant sur la rentrée dans la vie commune. Il le fit sortir de son individualisme et le convertit à la doctrine sociale du Christianisme. D'innombrables solitaires furent, comme Ephrem, tirés de leurs cavernes du désert ou des sommets des montagnes. Ils furent réintégrés dans la collectivité monastique qui à son tour s'intégrait dans la collectivité ecclésiale. A cette époque Bouche d'Or quitte, lui aussi, sa caverne.
Il est certain que le zèle apostolique de saint Paul a dû être le motif principal. Bouche d'Or voulait imiter l'activité missionnaire de Paul. Ce doit être certainement son immense amour pour le Christ et le salut des hommes par le baptême.
Engagé dans cette nouvelle voie, Bouche d'Or se consacra à la société chrétienne, dès 381. Il devint diacre. P.51 Sa mission est l'aide aux pauvres. En 386 l'évêque d'Antioche Flavien, le successeur de Mélèce, l'ordonna prêtre.
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